Généalogie Bon Valérie

Quand l’Histoire nous rattrape

Chacune de mes recherches généalogiques est passionnante. Outre le fait que je découvre une famille et son histoire, je suis très souvent rattrapée par la grande Histoire.

La dernière famille sur laquelle j’ai travaillé est Guadeloupéenne. En effectuant mes recherches, je me suis aperçue que beaucoup de Guadeloupéens portaient pour nom de famille un prénom. Et j’ai voulu creuser un peu plus loin pour comprendre pourquoi.

J’ai très vite été rattrapé par un pan de l’Histoire dont on parle peu : l’Esclavage.

L’abolition définitive de l’esclavage date du 27 avril 1848, il y a seulement 176 ans. C’est un 2ème décrêt qui a été signé par le Gouvernement Provisoire de la Deuxième République, 46 ans après le rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte (le 1er décrêt datait du 4 février 1794).

(Décrêt Abolition de l’Esclavage – Archives Nationales – BB-30-1125-A-296)

Il faudra attendre le 27 mai 1848 pour que ce décrêt soit proclamé en Guadeloupe par le Gouverneur LAYRLE.

 

 

 

 

(Bulletin Officiel de la Guadeloupe – Archives Départementales de la Guadeloupe – 3K1_21 – page 139)

Avant cette date, 68% de la population est encore esclave et les esclaves n’avaient qu’un prénom ou un surnom. Ils étaient considérés comme des meubles et ne pouvaient pas avoir de propriétés, ils appartenaient à leurs maîtres.

Et après l'abolition ?

Ils se sont faits affranchir par l’Officier de l’Etat Civil : celui-ci leur a donné un nom de famille, totalement inventé et cela pouvait être un prénom.

Il est souvent arrivé que la mère se soit présentée avec ses enfants. Ainsi la mère et les enfants ont eu le même patronyme. Dans certains cas le père reconnaissait les enfants lors du mariage à postériori. Il faut également noter qu’il y a eu beaucoup de mariages après l’abolition de l’esclavage.

A noter que les maîtres qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans leur esclave, ont été indemnisés !

L’acte de l’affranchissement marque la naissance juridique de l’individu libéré. Il est intéressant de le récupérer, car on retrouve souvent des informations sur toute la famille.

Le site Anchoukaj  permet de regarder si une personne a été affranchie.